Layer upon layer

Exposition personnelle - Laboratoire de la création, Paris - 2014

Au cœur de la galerie, le Nuancier, sculpture enfermée sous une cloche de verre, prend la forme d’un amphithéâtre grec. A la manière d’un archéologue, Dorothée Davoise classe les formes brutes qui la composent, et qui déclinent les multiples variations de tonalités entre le blanc et le gris données par le ciment. Echo sculptural à son travail photographique en noir et blanc qui se passe de contrastes faciles, pour mieux déployer un véritable dégradé de nuances entre le noir et blanc, permettant de mieux observer le passage d’une chose à l’autre.

Au mur, les deux photographies Carrière, prises en 2008 en Grèce, forment un diptyque qui explore l’idée de transformation d’un matériau. Le volume imposant de ce début de carrière de pierre est ici appuyé et mis en valeur par le cadrage en gros plan qui ne laisse aucune respiration. Une perte de repères spatiaux, qui rend d’autant plus confuse la compréhension immédiate de l’image (est-ce le sable qui recouvre la roche ou la roche qui est réduite en miettes), mais nous amène à contempler minutieusement les détails impressionnants de cette structure rocheuse. Deux images en couleur mais proches d'un monochrome, qui valorise le matériau avant de marquer ses reliefs

Heptagone, sculpture « caméléon » tirée d’une série de hauts-reliefs réalisés par l’artiste, prend place sur les murs de la galerie dont elle adopte la couleur si particulière. Se fondant dans l’espace, elle en devient une partie intégrante, presque invisible si ce n’était l’intervention de l’ombre et de la lumière pour la faire apparaitre. Cette superposition de couches, telles des strates, rappelle les maquettes d'architecte qui mettent en valeur le dénivelé des sols. Ici, ce travail in situ remet en question l’espace d’exposition lui-même, ainsi que la position de l’œuvre d’art en tant que telle.

Elsa Guily